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vendredi 9 mars 2018


CHAPITRE 18 : DES RÉVOLUTIONS TRANQUILLES – PARTIE 1 :  POLITIQUE - POST #2 : « MAÎTRES CHEZ NOUS »

Selon une étude de l’économiste Pierre Fortin présentée à la Grande Bibliothèque dans le cadre de conférences portant sur « La Révolution tranquille, 50 ans d’héritages », la situation économique des Canadiens français du Québec en 1961 n’était guère mieux que celle des noirs américains. Pierre Vallières avait-il raison de nous appeler « les nègres blancs d’Amérique » ?

Les hommes noirs américains complétaient en moyenne 11 années d’étude et les Québécois francophones, 10 années; les noirs gagnaient 54 % du salaire des blancs, les Québécois francophones, 52 %. Sous Duplessis, faute d’investissements appropriés, l’économie de la province avait pris un sérieux retard. Les infrastructures provinciales étaient déficientes en santé, en éducation, en culture et en transport. Les emplois étaient rares et la sous-scolarisation des travailleurs n’aidait pas. La dette par habitant était moins élevée, mais le Québec souffrait d’un retard de développement et était limité dans sa croissance.

Jean Lesage écrivait avec justesse : « Notre province de Québec a des traits particuliers, un caractère propre qu’il est de son devoir de sauvegarder et qu’elle a le droit de mettre en valeur. » En plusieurs occasions, il a exprimé l’opinion que le Québec est une société distincte par sa langue et sa culture. C’était ces principes qui guidaient les actions du gouvernement de Jean Lesage. Selon lui, il était essentiel que le Québec contrôle lui-même son développement et son économie, et non des intérêts financiers et religieux particuliers.

C’est là que l’expression « Maîtres chez nous » a pris tout son sens. La première étape de cette prise de contrôle par le gouvernement a été la nationalisation de 11 compagnies privées d’électricité. La publicité disait : « Le plus grand réservoir d’électricité au monde est chez nous, au Québec. C’est l’électricité qui éclaire nos foyers et nos fermes. C’est l’électricité qui est la source d’énergie des usines, créatrices d’emplois. Il nous faut être complètement propriétaires de cette source d’énergie pour la gérer au meilleur intérêt du Québec. »

En 1962, Lesage n’avait que la moitié de son mandat d’accomplie quand il a déclenché de nouvelles élections. Il voulait consulter la population sur les réformes proposées et entreprises. Deux mois plus tard, son gouvernement était réélu avec un nouveau mandat de 4 ans et une majorité plus grande encore. De 1960 à 1966, le gouvernement Lesage avec son « équipe du tonnerre » a fait faire un 180 au Québec. Quelque 38 réformes majeures touchant le réseau scolaire, la santé, la culture, l’économie ainsi que divers ministères du gouvernement ont été mises en place. Pour faire rayonner la langue française et la culture québécoise, Jean Lesage a créé l’Office de la langue française et le ministère des Affaires culturelles.

En 1966, la population, étourdie par la rapidité des changements gouvernementaux et apeurée par les taxes, n’a pas réélu l’équipe libérale de Jean Lesage. Les 3 gouvernements qui ont suivi jusqu’en 1976, même ceux de l’Union nationale, ont choisi de continuer les réformes entreprises par l’équipe de Jean Lesage. En 15 ans, le visage du Québec a radicalement changé. Durant cet intervalle de temps, plus d’une cinquantaine d’organismes ont vu le jour, dont plusieurs ont plus de 50 ans d’existence aujourd’hui. C’est aussi à cette époque que nos concitoyens ont connu réellement la liberté de conscience ainsi que la liberté de la pratique religieuse de leur choix.

Anita DeMers

Pour se procurer le livre :
-          En Amérique du Nord : http://www.deq.ca/fr/publications/imprimes_coffrets/index~p4.html
-          En Europe : dans les librairies de La Maison de la Bible et dans les librairies de la Croisade du Livre Chrétien.

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Pierre Fortin, Université du Québec à Montréal, 11 mai 2010
La Révolution tranquille et l’économie : où étions-nous, qu’avons-nous accompli, que nous reste-t-il à faire ? http://www.economistesquebecois.com/files/documents/at/35/txt-membres-du-cpp-pierre-fortin-11-mai-2010.pdf

Que signifie la devise du Québec « Je me souviens » ? Selon Wikipédia...