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samedi 24 mars 2018

CHAPITRE 18 : DES RÉVOLUTIONS TRANQUILLES – PARTIE 1 : POLITIQUE
POST #4 : L’EXPO 67

Jean Lesage et son gouvernement désiraient faire connaître notre société distincte et francophone au monde entier. Ils ont établi des relations diplomatiques internationales en ouvrant des délégations générales du Québec à Paris, à Londres et à New York. Quand le maire de Montréal, Jean Drapeau, a proposé de tenir une exposition universelle, Jean Lesage a vu là une occasion en or de faire rayonner le Québec au monde entier et le monde entier aux Québécois.


Plus de 28 millions de tonnes métriques de terre et de gravier ont été excavées du sous-sol de Montréal pour construire le métro, puis utilisées pour agrandir l’île Ste-Hélène et pour créer l’île Notre-Dame afin de réaliser le site de l’Expo 67. Sur ces nouveaux espaces récupérés du fleuve Saint-Laurent, on y a construit quelque 90 pavillons de 62 pays et 28 avec des thèmes particuliers. Entre le 27 avril et le 29 octobre 1967, il est venu à Montréal 50 millions de visiteurs qui ont pu constater avec étonnement le savoir-faire des Québécois en ingénierie, en architecture, en design industriel et graphique, en médias audiovisuels et en mode vestimentaire.




Un des pavillons privés qui a été très populaire à Expo 67 a été celui des « Sermons de la Science ». L’objectif du promoteur était de démontrer aux spectateurs que la nature et la science nous parlent de l’existence d’un créateur divin. Toutes les 30 minutes, on diffusait, simultanément en 7 langues, un des 30 films de l’institut scientifique Moody. Ces films à succès avaient été présentés quelques années auparavant aux expositions universelles de Seattle et de New York. Durant les 6 mois de l’expo de Montréal, 840 000 visiteurs ont assisté aux représentations générales, et 260 000 d’entre eux ont poursuivi leur réflexion spirituelle en écoutant un exposé sur Jésus-Christ.

Quand Expo 67 s’est terminé, le pavillon des « Sermons de la Science » devait être démoli avec tous les autres. Mais, la ville de Montréal a décidé de continuer l’exposition sous le nom de « Terre des hommes ». À la surprise des organisateurs du pavillon des « Sermons de la Science », le maire Jean Drapeau a acheté la bâtisse et leur a revendu pour 1,00 $ à la condition que la diffusion des films continue. Le maire Drapeau a déclaré : « L’homme possède un cerveau, mais aussi un cœur dont les besoins doivent être comblés ».

Les activités au pavillon ont continué pendant 8 ans. Direction chrétienne qui pilotait les opérations durant toutes ces années, estime à 1,5 million, le nombre de Québécois francophones qui ont été rejoints par ce ministère. On peut dire que la décennie 1960-70 a été, pour la province de Québec, une ère de grande effervescence sur les plans économique, social, culturel et spirituel.

Anita DeMers

Pour se procurer le livre :
- En Amérique du Nord : http://www.deq.ca/fr/publications/imprimes_coffrets/index~p4.html
- En Europe : dans les librairies de La Maison de la Bible et dans les librairies de la Croisade du Livre Chrétien.

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mercredi 14 mars 2018


CHAPITRE 18 : DES RÉVOLUTIONS TRANQUILLES – PARTIE 1 :  POLITIQUE
POST #3 : LA PREMIÈRE FEMME DÉPUTÉE AU QUÉBEC

L’avocate Marie Claire Kirkland-Casgrain fut la première femme élue députée à l’Assemblée législative du Québec le 14 décembre 1961 et réélue en 1962.  À son entrée au parlement, les autres députés masculins étaient bien plus préoccupés de savoir si elle devait porter le petit chapeau féminin traditionnel, que de connaître ses idées sur la condition des femmes mariées dans la province. En effet, le règlement parlementaire stipulait que les femmes qui assistaient aux débats de la chambre devaient porter un « bibi » en signe de respect pour cette assemblée entièrement « masculine ». Heureusement, le secrétaire de la chambre a jugé bon de ne pas appliquer ce règlement à la nouvelle députée.


En 1964, Jean Lesage a nommé Marie Claire Kirkland-Casgrain ministre des Transports et des Communications, devenant ainsi la première femme à occuper un poste de ministre au sein du gouvernement. Pendant qu’elle était en fonction, elle a présenté et fait adopter le projet de loi 16 qui accordait à la femme mariée les mêmes droits que ceux de son mari. Avant la loi, une fille majeure avait les mêmes droits qu’un homme, mais, dès qu’elle se mariait, elle perdait tous ses droits au profit de son mari. Elle ne pouvait pas signer de contrat, ouvrir un compte à la banque ou acheter une maison sans son consentement. Elle lui devait obéissance comme un enfant mineur doit soumission à ses parents. Avec la nouvelle loi, l’épouse conservait tous ses droits de fille majeure et gardait l’entière responsabilité civile et financière sur ses biens, ainsi que le droit d’exercer une profession sans l’autorisation de son mari.

Claire Kirkland-Casgrain a occupé également les postes de ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, puis ministre des Affaires culturelles dans le cabinet Bourassa. Elle a même été Première ministre intérimaire pendant un certain temps. Mme Kirkland-Casgrain a été la seule femme élue au parlement jusqu’en 1973, année où elle a été nommée juge à la cour provinciale. Dans une entrevue accordée à Châtelaine le 3 mars 2016, elle confiait : « ...étant la seule femme, j’étais obligée de surveiller mes moindres gestes ».

Cette femme audacieuse et visionnaire est aussi à l’origine du Conseil du statut de la femme. En 2001, elle a été la première dame à recevoir la médaille du Président de l’Assemblée nationale, la plus haute distinction accordée à un parlementaire pour souligner la valeur exceptionnelle de son travail. À son décès survenu le 24 mars 2016, elle a été également la première à avoir des funérailles nationales.

Nous, les Québécoises, célibataires ou mariées, nous devons beaucoup à Marie Claire Kirkland-Casgrain. Grâce à cette femme téméraire et courageuse, nous sommes maintenant considérés légalement comme des adultes autonomes et responsables.

Anita DeMers

Pour se procurer le livre :
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Bibliographie additionnelle :
- Marie-Claire Kirkland-Casgrain (1924-2016), Biographie, Assemblée nationale du Québec;
- Claire Kirkland-Casgrain : un monument, Le Devoir, 2 avril 2016, par Fatima Houda-Pépin;
- Qui était Claire Kirkland-Casgrain? Châtelaine, 31 mars 2016, par Mylène Tremblay;
- Marie-Claire Kirkland-Casgrain, Wikipédia français, mise-à-jour 17 janvier 2018


Claire Kirkland-Casgrain / Photo Archives Le Devoir

vendredi 9 mars 2018


CHAPITRE 18 : DES RÉVOLUTIONS TRANQUILLES – PARTIE 1 :  POLITIQUE - POST #2 : « MAÎTRES CHEZ NOUS »

Selon une étude de l’économiste Pierre Fortin présentée à la Grande Bibliothèque dans le cadre de conférences portant sur « La Révolution tranquille, 50 ans d’héritages », la situation économique des Canadiens français du Québec en 1961 n’était guère mieux que celle des noirs américains. Pierre Vallières avait-il raison de nous appeler « les nègres blancs d’Amérique » ?

Les hommes noirs américains complétaient en moyenne 11 années d’étude et les Québécois francophones, 10 années; les noirs gagnaient 54 % du salaire des blancs, les Québécois francophones, 52 %. Sous Duplessis, faute d’investissements appropriés, l’économie de la province avait pris un sérieux retard. Les infrastructures provinciales étaient déficientes en santé, en éducation, en culture et en transport. Les emplois étaient rares et la sous-scolarisation des travailleurs n’aidait pas. La dette par habitant était moins élevée, mais le Québec souffrait d’un retard de développement et était limité dans sa croissance.

Jean Lesage écrivait avec justesse : « Notre province de Québec a des traits particuliers, un caractère propre qu’il est de son devoir de sauvegarder et qu’elle a le droit de mettre en valeur. » En plusieurs occasions, il a exprimé l’opinion que le Québec est une société distincte par sa langue et sa culture. C’était ces principes qui guidaient les actions du gouvernement de Jean Lesage. Selon lui, il était essentiel que le Québec contrôle lui-même son développement et son économie, et non des intérêts financiers et religieux particuliers.

C’est là que l’expression « Maîtres chez nous » a pris tout son sens. La première étape de cette prise de contrôle par le gouvernement a été la nationalisation de 11 compagnies privées d’électricité. La publicité disait : « Le plus grand réservoir d’électricité au monde est chez nous, au Québec. C’est l’électricité qui éclaire nos foyers et nos fermes. C’est l’électricité qui est la source d’énergie des usines, créatrices d’emplois. Il nous faut être complètement propriétaires de cette source d’énergie pour la gérer au meilleur intérêt du Québec. »

En 1962, Lesage n’avait que la moitié de son mandat d’accomplie quand il a déclenché de nouvelles élections. Il voulait consulter la population sur les réformes proposées et entreprises. Deux mois plus tard, son gouvernement était réélu avec un nouveau mandat de 4 ans et une majorité plus grande encore. De 1960 à 1966, le gouvernement Lesage avec son « équipe du tonnerre » a fait faire un 180 au Québec. Quelque 38 réformes majeures touchant le réseau scolaire, la santé, la culture, l’économie ainsi que divers ministères du gouvernement ont été mises en place. Pour faire rayonner la langue française et la culture québécoise, Jean Lesage a créé l’Office de la langue française et le ministère des Affaires culturelles.

En 1966, la population, étourdie par la rapidité des changements gouvernementaux et apeurée par les taxes, n’a pas réélu l’équipe libérale de Jean Lesage. Les 3 gouvernements qui ont suivi jusqu’en 1976, même ceux de l’Union nationale, ont choisi de continuer les réformes entreprises par l’équipe de Jean Lesage. En 15 ans, le visage du Québec a radicalement changé. Durant cet intervalle de temps, plus d’une cinquantaine d’organismes ont vu le jour, dont plusieurs ont plus de 50 ans d’existence aujourd’hui. C’est aussi à cette époque que nos concitoyens ont connu réellement la liberté de conscience ainsi que la liberté de la pratique religieuse de leur choix.

Anita DeMers

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Pierre Fortin, Université du Québec à Montréal, 11 mai 2010
La Révolution tranquille et l’économie : où étions-nous, qu’avons-nous accompli, que nous reste-t-il à faire ? http://www.economistesquebecois.com/files/documents/at/35/txt-membres-du-cpp-pierre-fortin-11-mai-2010.pdf

Que signifie la devise du Québec « Je me souviens » ? Selon Wikipédia...






vendredi 2 mars 2018


CHAPITRE 18 : DES RÉVOLUTIONS TRANQUILLES – PARTIE 1 :  POLITIQUE 
POST #1 : « C’EST L’TEMPS QU’ÇA CHANGE »

Le 7 septembre 1959, Maurice Duplessis meurt des suites d’une hémorragie cérébrale. Paul Sauvé lui succède. Après 113 jours au pouvoir, il décède à son tour d’une crise cardiaque. Antonio Barrette le remplace. Mais, avec le scandale de corruption du «gaz naturel» qui planait sur le gouvernement de l’Union nationale, et avec la grogne de la population qui réclamait une réforme de la société, Barrette a décrété des élections générales.

Jean Lesage, chef du parti libéral,  et son «équipe du tonnerre», se sont lancés dans la course. Ils s’étaient préparés depuis longtemps à cet affrontement. Durant la campagne électorale, ils proposaient une nouvelle identité pour le Québec. Tous les domaines d’activité de la province avaient été analysés et des correctifs majeurs étaient proposés. Leurs slogans «C’est l’temps qu’ça change» et «Maîtres chez nous» étaient bien reçus par la population. Jean Lesage et le parti libéral ont remporté les élections de 1960.


Toute une «génération silencieuse» et leurs adolescents «baby-boomers» voyaient bien ce qui se faisait au pays et ailleurs. Ils espéraient vivre, eux aussi, dans une société plus contemporaine où les hommes et les femmes auraient les mêmes droits. La priorité du nouveau gouvernement provincial fut de retirer à l’Église les rôles qui devaient être joués par l’État et de réduire au maximum les inégalités sociales et économiques en éducation, en santé et en services sociaux. On voulait une société plus juste pour tous même si on devait apporter des changements importants dans le fonctionnement du gouvernement.

Les autorités de l’Église catholique n’approuvaient pas ces réformes politiques et sociales mises de l’avant par l’équipe de Jean Lesage. Selon les évêques, les nouvelles orientations des libéraux étaient trop révolutionnaires et rimaient avec «enfer». L’Église estimait que son organisation religieuse était supérieure à tout gouvernement civil et qu’elle devait siéger au-dessus de lui. Selon elle, il lui appartenait de diriger les principaux domaines de la vie des individus telles l’instruction et la santé.

En perdant le contrôle sur l’éducation, l’Église catholique savait qu’elle ne pourrait plus endoctriner systématiquement les enfants dans sa religion. Cela allait créer une ouverture à la liberté de croyance et une baisse de son autorité. Mais Jean Lesage et son gouvernement estimaient que la société québécoise ne devait plus être régie selon les règles de l’Église catholique et des communautés religieuses. Ils estimaient aussi que l’économie du Québec ne devait pas être gérée au gré des grosses compagnies étrangères.

Anita DeMers

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