CHAPITRE 20 :
UNE SOCIÉTÉ EN QUÊTE DE SON IDENTITÉ,
POST #1 : LA GÉNÉRATION X (1960-80) ET LES ENFANTS « ROIS »
Dans les années 1970,
le plus grand défi pour nous, jeunes baby-boomers, qui recherchions plus de
stabilité, était de fonder une famille. Avec nos idées de grandeur, notre désir
le plus cher était de bâtir un bel avenir pour nous et nos enfants. Nous avions
la certitude de pouvoir faire mieux que nos parents et, surtout, nous ne
voulions pas que nos descendants connaissent la discipline militaire et la
pauvreté que nous avions vécues.
Après avoir consulté
les écrits des grands auteurs sur la façon d’éduquer nos enfants, la règle d’or
semblait être de les laisser faire leurs propres choix, en toute liberté. Pour
éviter de les brimer, Il ne fallait surtout pas leur dire un « non »
catégorique. C’était, selon les experts de l’époque, la meilleure manière de
faire de nos enfants des êtres doués et confiants dans la vie. Nous nous
disions qu’en grandissant, ils verraient la différence et seraient
reconnaissants des sacrifices que nous avions faits pour leur assurer une
enfance meilleure. Sans en connaître les conséquences, nous étions passés d’un
extrême à l’autre dans notre façon d’éduquer nos enfants.
Mais, en
grandissant, nos rejetons trouvaient normal que notre attention soit toujours porter
vers eux et que nous répondions à tous leurs désirs, même avant nos propres
besoins. Et, même si on leur expliquait que notre enfance avait été beaucoup plus
difficile que la leur, ils ne pouvaient pas concevoir cela. Plusieurs sont
devenus des enfants « Rois ». Tout devait graviter autour d’eux :
ils exigeaient le maximum, mais refusaient de donner quoi que ce soit. Habitués
à tout recevoir, nos petits rois n’avaient pas le sens des responsabilités et
manquaient de bienveillance envers leur entourage. Ils ne se sentaient coupables
de rien ; c’était toujours la faute des autres.
Devenus adolescents,
ces enfants « rois » prenaient plaisir à choquer les gens par leur
habillement, leur allure et leur comportement. Plusieurs décrochaient de
l’école, vivaient en vagabond et recherchaient les aventures folles et les
émotions fortes. Les relations sexuelles étaient pratiques courantes. Aussi, on
a vu apparaître l’épidémie du SIDA et une augmentation rapide des maladies
vénériennes. Cette jeunesse avait perdu ses repères ou les rejetait tout
simplement. Certains avouaient que la débauche à laquelle ils s’adonnaient
était un moyen d’oublier leur malheur et d’exprimer leur détresse. Ils se
sentaient seuls et perdus dans un monde individualiste.
Aussi, à la même
période, bon nombre de papas et, parfois, de mamans désertaient le foyer pour
vivre leur vie personnelle, abandonnant du même coup leur rôle parental et leurs
responsabilités familiales. Les jeunes ne pouvaient plus compter sur leurs
parents pour leur servir de modèle et les guider dans la vie. Plusieurs en ont
été blessés, fragilisés par ce manque d’encadrement familial et spirituel. On a
dit de cette génération qu’elle avait été « sacrifiée » ou « perdue ».
Mais, certainement pas aux yeux de Dieu.
Anita DeMers
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