CHAPITRE 17 :
LA FIN D’UN LONG « MOYEN ÂGE »
POST #1 : LES
ENFANTS NON DÉSIRÉS ET MAL-AIMÉS DU QUÉBEC
Pendant des
décennies, l’Église catholique a exercé une emprise considérable sur la société
québécoise, particulièrement durant les 15 années au pouvoir de Duplessis comme
premier ministre du Québec. Le clergé était particulièrement strict envers les femmes
célibataires qui devenaient enceintes hors mariage. Leur enfant « bâtard »
devait obligatoirement être confié à l’adoption.
Dès qu’il était né,
on établissait un certificat de naissance de manière à éviter les
retrouvailles. Par la suite, « l’enfant du péché » était envoyé à la crèche
pour y être adopté. Plus de 2 700 enfants « illégitimes » étaient envoyés
chaque année dans les 16 crèches de la province. La majorité des bébés de 0-2
an trouvaient une famille d’accueil soit au pays, soit à l’étranger.
Le 12 février 1954,
la police de Montréal a eu la preuve que des trafiquants en profitaient pour
vendre des bébés aux États-Unis. Plusieurs réseaux de trafic humain se
rivalisaient sur le marché noir depuis au moins 10 ans avec la complicité des
personnes impliquées. Quand le procès eut lieu en 1955, on a découvert avec
stupéfaction qu’il n’était pas illégal de vendre des bébés au Québec, mais uniquement
de fabriquer de faux certificats de naissance.
Les enfants de plus
de 3 ans qui n’avaient pas été adoptés étaient envoyés dans un des 53 « orphelinats »
du Québec, où il n’y avait que 10% de vrais orphelins. Les autres étaient des
enfants « illégitimes », des enfants de parents indignes ou miséreux, des
enfants malades chroniques, handicapés, débiles ou malformés dont les familles aisées
avaient honte. On y retrouvait aussi des métis.
Ces jeunes
recevaient très peu d’instruction. C’était pour eux l’horaire et la vie
militaire. La résistance n’était pas tolérée. Pour plusieurs, c’étaient les
abus physiques et sexuels par les religieux et par le personnel laïque, le jour
comme la nuit, avec des menaces de représailles pour imposer le silence. À partir
de 16 ans, les jeunes avaient le droit de quitter les institutions qui les
hébergeaient, mais ils étaient tellement démunis que plusieurs choisissaient
d’y rester.
Pour obtenir plus de
subventions du gouvernement fédéral, Duplessis, avec l’accord des autorités
religieuses, a ordonné la conversion des orphelinats en hôpitaux
psychiatriques. Du jour au lendemain, 5 000 orphelins en bonne santé ont été
classifiés officiellement comme aliénés. Les malheurs de ces enfants mal aimés
ne faisaient que commencer. Ils perdaient leur liberté et ils étaient tenus de
faire des travaux et de se soumettre aux autorités, sinon c’était l’isolement,
les électrochocs et la lobotomie pour certains.
Heureusement, ces
crèches et ces orphelinats ont disparu du paysage québécois au début des années 1970,
après le grand ménage de la Révolution tranquille. Certains historiens ont
surnommé cette période de notre histoire la « Grande Noirceur ».
COMMENTAIRE DE FLORENCE LABERGE:
Seulement aux années 90 ces enfants ont
obtenu compensations...j'ai vu de ces dossiers en début 2000.
RÉPONSE DES DISTRIBUTIONS ÉVANGÉLIQUES DU QUÉBEC:
Pour ceux et celles qui aimeraient en savoir plus sur ces
compensations, voici le lien au reportage de Radio-Canada: http://ici.radio-canada.ca/nou.../334380/orphelins-dedommageGérer
Réparation
pour les orphelins « oubliés »
Publié le vendredi 22 décembre 2006
Le gouvernement Charest verse un dédommagement de
15 000 $ à chacun des 1700 orphelins de Duplessis qui n'avaient rien
reçu lors du règlement de 2001.
Québec indemnisera quelque
1700 orphelins de Duplessis qui n'avaient rien reçu en 2001 lors du précédent
règlement. C'est la ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Michelle Courchesne,
qui en a fait l'annonce jeudi.
Ce nouveau « programme
national de réconciliation » vise à offrir réparation à d'anciens
pensionnaires de neuf orphelinats non psychiatriques dirigés par des
congrégations religieuses, pour les sévices physiques et psychologiques qu'ils
y ont subis entre 1935 et 1964.
Le gouvernement du Québec
avait offert une indemnisation à 1100 autres orphelins de Duplessis, en 2001.
Ceux qui sont visés par l'annonce d'aujourd'hui n'avaient pas eu droit, alors,
à une réparation. Ils avaient déclaré être les « oubliés du décret ».
« Aujourd'hui, ce que
nous annonçons, c'est une réconciliation avec ces oubliés », a déclaré la
ministre, ajoutant qu'au-delà de l'aide financière, c'était « la
reconnaissance de cette réconciliation qui doit être collective » qui
importait.
Pour chacun, 15 000 $
En 1992, les orphelins de
Duplessis se sont regroupés pour exiger excuses et réparation.
Chacun de ces
« oubliés » pourra aujourd'hui recevoir 15 000 $ du
gouvernement du Québec s'il en fait la demande avant le 10 août 2007 et renonce
à toute poursuite judiciaire liée à cette affaire. Le programme est assorti
d'un budget de 26 millions de dollars. On ignore le nombre des victimes
toujours en vie.
« Le gouvernement du
Québec a estimé que notre société, dans son ensemble, avait un devoir moral à
l'égard de ces personnes et vient ici compléter un acte de réconciliation par
ce nouveau programme », a souligné la ministre Courchesne.
« C'est toute la
société qui est interpellée, a-t-elle ajouté, et nous espérons très fortement
aujourd'hui que tous pourront, dans la dignité et le respect, dorénavant
tourner cette douloureuse page de leur vécu et de notre histoire. »
En 2001, sous le
gouvernement de Bernard Landry, 1100 orphelins de Duplessis ayant subi des
sévices sexuels dans les orphelinats québécois s'étaient vu accorder quelque
25 000 $ chacun, en moyenne.
Avant l'entente de 2001, le
gouvernement du Québec avait présenté ses excuses officielles aux orphelins.
L'Église catholique, de son côté, n'a jamais reconnu de responsabilité dans
l'affaire.
Anita DeMers
Pour se procurer le
livre :
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En
Amérique du Nord : http://www.deq.ca/fr/publications/imprimes_coffrets/index~p4.html
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En
Europe : dans les librairies de La Maison de la Bible et dans les
librairies de la Croisade du Livre Chrétien.
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