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vendredi 19 janvier 2018

CHAPITRE 17 : LA FIN D’UN LONG « MOYEN ÂGE »
POST #1 : LES ENFANTS NON DÉSIRÉS ET MAL-AIMÉS DU QUÉBEC

Pendant des décennies, l’Église catholique a exercé une emprise considérable sur la société québécoise, particulièrement durant les 15 années au pouvoir de Duplessis comme premier ministre du Québec. Le clergé était particulièrement strict envers les femmes célibataires qui devenaient enceintes hors mariage. Leur enfant « bâtard » devait obligatoirement être confié à l’adoption.

Dès qu’il était né, on établissait un certificat de naissance de manière à éviter les retrouvailles. Par la suite, « l’enfant du péché » était envoyé à la crèche pour y être adopté. Plus de 2 700 enfants « illégitimes » étaient envoyés chaque année dans les 16 crèches de la province. La majorité des bébés de 0-2 an trouvaient une famille d’accueil soit au pays, soit à l’étranger.

Le 12 février 1954, la police de Montréal a eu la preuve que des trafiquants en profitaient pour vendre des bébés aux États-Unis. Plusieurs réseaux de trafic humain se rivalisaient sur le marché noir depuis au moins 10 ans avec la complicité des personnes impliquées. Quand le procès eut lieu en 1955, on a découvert avec stupéfaction qu’il n’était pas illégal de vendre des bébés au Québec, mais uniquement de fabriquer de faux certificats de naissance.

Les enfants de plus de 3 ans qui n’avaient pas été adoptés étaient envoyés dans un des 53 « orphelinats » du Québec, où il n’y avait que 10% de vrais orphelins. Les autres étaient des enfants « illégitimes », des enfants de parents indignes ou miséreux, des enfants malades chroniques, handicapés, débiles ou malformés dont les familles aisées avaient honte. On y retrouvait aussi des métis.

Ces jeunes recevaient très peu d’instruction. C’était pour eux l’horaire et la vie militaire. La résistance n’était pas tolérée. Pour plusieurs, c’étaient les abus physiques et sexuels par les religieux et par le personnel laïque, le jour comme la nuit, avec des menaces de représailles pour imposer le silence. À partir de 16 ans, les jeunes avaient le droit de quitter les institutions qui les hébergeaient, mais ils étaient tellement démunis que plusieurs choisissaient d’y rester.

Pour obtenir plus de subventions du gouvernement fédéral, Duplessis, avec l’accord des autorités religieuses, a ordonné la conversion des orphelinats en hôpitaux psychiatriques. Du jour au lendemain, 5 000 orphelins en bonne santé ont été classifiés officiellement comme aliénés. Les malheurs de ces enfants mal aimés ne faisaient que commencer. Ils perdaient leur liberté et ils étaient tenus de faire des travaux et de se soumettre aux autorités, sinon c’était l’isolement, les électrochocs et la lobotomie pour certains.



Heureusement, ces crèches et ces orphelinats ont disparu du paysage québécois au début des années 1970, après le grand ménage de la Révolution tranquille. Certains historiens ont surnommé cette période de notre histoire la « Grande Noirceur ».

COMMENTAIRE DE FLORENCE LABERGE:
Seulement aux années 90 ces enfants ont obtenu compensations...j'ai vu de ces dossiers en début 2000.

RÉPONSE DES DISTRIBUTIONS ÉVANGÉLIQUES DU QUÉBEC:
Pour ceux et celles qui aimeraient en savoir plus sur ces compensations, voici le lien au reportage de Radio-Canada: http://ici.radio-canada.ca/nou.../334380/orphelins-dedommageGérer




Réparation pour les orphelins « oubliés »
Publié le vendredi 22 décembre 2006

Le gouvernement Charest verse un dédommagement de 15 000 $ à chacun des 1700 orphelins de Duplessis qui n'avaient rien reçu lors du règlement de 2001.

Québec indemnisera quelque 1700 orphelins de Duplessis qui n'avaient rien reçu en 2001 lors du précédent règlement. C'est la ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Michelle Courchesne, qui en a fait l'annonce jeudi.
Ce nouveau « programme national de réconciliation » vise à offrir réparation à d'anciens pensionnaires de neuf orphelinats non psychiatriques dirigés par des congrégations religieuses, pour les sévices physiques et psychologiques qu'ils y ont subis entre 1935 et 1964.
Le gouvernement du Québec avait offert une indemnisation à 1100 autres orphelins de Duplessis, en 2001. Ceux qui sont visés par l'annonce d'aujourd'hui n'avaient pas eu droit, alors, à une réparation. Ils avaient déclaré être les « oubliés du décret ».
« Aujourd'hui, ce que nous annonçons, c'est une réconciliation avec ces oubliés », a déclaré la ministre, ajoutant qu'au-delà de l'aide financière, c'était « la reconnaissance de cette réconciliation qui doit être collective » qui importait.
Pour chacun, 15 000 $
En 1992, les orphelins de Duplessis se sont regroupés pour exiger excuses et réparation.

Chacun de ces « oubliés » pourra aujourd'hui recevoir 15 000 $ du gouvernement du Québec s'il en fait la demande avant le 10 août 2007 et renonce à toute poursuite judiciaire liée à cette affaire. Le programme est assorti d'un budget de 26 millions de dollars. On ignore le nombre des victimes toujours en vie.
« Le gouvernement du Québec a estimé que notre société, dans son ensemble, avait un devoir moral à l'égard de ces personnes et vient ici compléter un acte de réconciliation par ce nouveau programme », a souligné la ministre Courchesne.
« C'est toute la société qui est interpellée, a-t-elle ajouté, et nous espérons très fortement aujourd'hui que tous pourront, dans la dignité et le respect, dorénavant tourner cette douloureuse page de leur vécu et de notre histoire. »
En 2001, sous le gouvernement de Bernard Landry, 1100 orphelins de Duplessis ayant subi des sévices sexuels dans les orphelinats québécois s'étaient vu accorder quelque 25 000 $ chacun, en moyenne.
Avant l'entente de 2001, le gouvernement du Québec avait présenté ses excuses officielles aux orphelins. L'Église catholique, de son côté, n'a jamais reconnu de responsabilité dans l'affaire.
Anita DeMers

Pour se procurer le livre :
-          En Amérique du Nord : http://www.deq.ca/fr/publications/imprimes_coffrets/index~p4.html
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lundi 15 janvier 2018

CHAPITRE 16 : RÉADAPTATION À LA VIE CIVILE D’APRÈS GUERRE
POST #3 : IRMA LEVASSEUR, PREMIÈRE FEMME MÉDECIN CANADIENNE-FRANÇAISE.

Irma Levasseur, née à Québec en 1878, se passionne dès sa jeunesse pour la médecine et veut en faire sa profession. Mais, les autorités médicales s’y opposent : ce n’est pas la place des femmes. Les portes des universités sont fermées pour elles.



Irma décide d’aller étudier aux États-Unis, à Saint Paul Minneapolis, au Minnesota. Son cours terminé, elle pratique la médecine pendant quelques années à New York. En 1903, elle revient au Québec, bien déterminée, à y travailler comme médecin. Elle s’adresse au parlement canadien pour faire reconnaître son diplôme de médecine. On crée une loi spéciale l’autorisant à pratiquer sa profession. Elle devient la première femme médecin canadienne-française du Québec.

Trois femmes anglophones l’ont précédée : Octavia Grace Ritchie (1891), Maude Abbott (1894) et Regina Lewis-Landau ont été les premières femmes médecins graduées de la faculté de médecine de l’Université Bishop. À cette époque au Québec, il y avait 2 groupes sociaux vivant séparés : les protestants anglophones avec leurs institutions particulières, puis les catholiques francophones avec les leurs.

De 1903 à 1905, Irma travaille à la crèche de la Miséricorde destinée à recevoir les enfants illégitimes des mères célibataires. Puis, elle part pour Paris se spécialiser en pédiatrie et chirurgie. À son retour à Montréal, elle a le projet d’ouvrir un hôpital pour enfants. Elle rencontre diverses personnes dont Justine Lacoste, épouse de Louis de Gaspé Beaubien, courtier et banquier de Montréal. Une fois le financement trouvé, l’hôpital Sainte-Justine est ouvert dans une modeste maison de la rue Saint-Denis à Montréal.



Quelques mois plus tard, Irma décide de quitter l’organisation. En raison de désaccords avec les autres gestionnaires de l’hôpital, on l’aurait écartée de la direction. Dre LeVasseur décide d’aller exercer la médecine à l’étranger en zone de guerre, puis comme médecin de la Croix-Rouge.

En 1922, cette femme courageuse revient à la ville de Québec et achète, à grand prix, une résidence sur Grande Allée pour en faire un hôpital pour enfants. Avec le Dr René Fortier, pédiatre et professeur à l’université Laval, elle fonde l’hôpital de l’Enfant-Jésus. Mais, encore une fois, on l’écarte rapidement du conseil d’administration. Irma y perd une fortune. Ruinée, elle tente d’ouvrir une pouponnière, sans succès. Elle finira par lancer un dernier projet à Québec : une école pour enfants infirmes, devenue par la suite le Centre Cardinal-Villeneuve.


Pendant la guerre 1939-45, Irma travaille à faire les examens des recrues pour l’armée canadienne. Après la guerre, elle se retire dans une petite maison de la rue de l’Artillerie, à Québec. Elle y vivra, seule, pendant 20 ans, dans la pauvreté et le dénuement. Certains la croient folle et la font interner de force à Saint-Michel-Archange (Robert-Giffard). Pour en sortir, elle doit faire appel à la justice en prouvant qu’on l’a internée sans aucun diagnostic. Elle meurt le 15 janvier 1964 à l’âge de 86 ans.

Anita DeMers

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vendredi 12 janvier 2018

CHAPITRE 16 RÉADAPTATION À LA VIE CIVILE D’APRÈS GUERRE
POST #2 : LA SOCIÉTÉ DU QUÉBEC AVAIT CHANGÉ, MAIS PAS LES MENTALITÉS

Pendant que les maris s’étaient battus au front, les épouses avaient dû assurer la survie entière de leur foyer. Mais, sous prétexte qu’elles n’étaient pas reconnues comme soutiens de famille, les employeurs ne leur accordaient qu’une partie du salaire donné aux hommes (environ 65 %). Souvent, les vivres, les vêtements et le chauffage avaient manqué cruellement à ces foyers démunis financièrement.

Aussi, après le retour de nos combattants, la presque totalité des femmes qui travaillaient dans les usines a été licenciées. On prétendait qu’elles prenaient la place des hommes sur le marché du travail. Pourtant, la production manufacturière avait augmenté de 168 %. La révolution industrielle n’avait rien changé de l’image qu’on s’était faite de la femme.

Selon le clergé catholique et la plupart des hommes qui avaient été éduqués d’après la philosophie ultramontaine,  la femme idéale devait être de constitution robuste, de milieu rural, peu instruite, ménagère, docile et bonne cuisinière. De plus, on s’attendait à ce qu’elle donne naissance à un enfant tous les ans. Du haut de la chaire, les curés exhortaient les ménages à ne pas «empêcher la famille» sous peine d’aller en enfer. La revanche des berceaux devait se continuer, donnant naissance à la génération des baby-boomers. Une nouvelle société était née, mais la mentalité d’avant-guerre était restée la même.


Cependant, les femmes avaient bien l’intention de ne pas se laisser imposer un modèle féminin qui ne collait pas à la réalité. Aussi, elles avaient démontré qu’elles étaient capables de contribuer activement à la nouvelle société. Elles ont commencé à revendiquer pour elles-mêmes l’égalité économique, civile et politique. Les politiciens conservateurs, les syndicats et les chefs religieux s’opposaient fortement à ce mouvement, car ils craignaient l’émancipation des femmes. Mais, leurs revendications ont apporté les changements les plus importants de notre société d’après-guerre en la rendant plus juste et plus humaine.

Anita DeMers

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jeudi 4 janvier 2018

CHAPITRE 16 RÉADAPTATION À LA VIE D’APRÈS GUERRE
POST #1 : CONTRIBUTION DES CANADIENS ET DES CANADIENNES À LA GUERRE

Nos militaires canadiens se sont distingués contre les nazis en Europe et les Japonais dans le Pacifique. À la fin de la Deuxième Guerre, notre marine était la 3e plus importante dans le monde et notre aviation se classait au 4e rang mondial. Nos aviateurs avaient entraîné plus de 130 000 pilotes de chasse alliés provenant de divers pays du Commonwealth.

Les femmes canadiennes ont, elles aussi, contribué grandement à la victoire des Alliés. Plus de 50 000 d’entre elles s’étaient engagées dans les Forces armées comme infirmières, photographes, conductrices de camion, contrôleuses aériennes, musiciennes, etc.

Parmi celles qui étaient restées au pays, des centaines de milliers d’entre elles ont travaillé dans des usines qui fabriquaient des navires, des avions, des véhicules blindés, des armes, des munitions, des uniformes, etc. D’autres femmes encore avaient œuvré sous les auspices de la Croix-Rouge pour préparer, de concert avec les églises locales, des colis personnels destinés à nos soldats sur le front. On dit que presque tout était rationné au pays pour être envoyé à nos militaires sur les champs de bataille.




http://www.rcaf-arc.forces.gc.ca/fr/sur-des-sommets-balayes-par-les-vents-2/26-histoire-1939-1945.page

http://www.encyclopediecanadienne.ca/fr/article/anciens-combattants-de-la-deuxieme-guerre-mondiale/
CWAC au Pays-Bas

http://archives.radio-canada.ca/sports/seconde_guerre_mondiale/clips/4153/

Quand l’horreur de la guerre fut terminée, tous nos combattants n’avaient qu’une idée en tête : « rentrer à la maison, le plus rapidement possible. » Malheureusement, le nombre de navires pour les rapatrier était insuffisant, et les blessés de guerre nécessitaient des conditions de transport particulières. De plus, tous ces militaires étaient dispersés un peu partout dans différentes parties du globe.

Au nombre de militaires, il fallait ajouter 48 000 jeunes femmes étrangères qui avaient épousé des soldats canadiens pendant la guerre; 22 000 enfants étaient nés de ces unions. Pour venir en aide aux soldats et à leur famille, le gouvernement canadien a dû créé le ministère des anciens Combattants.


Des épouses de guerre en route vers le Canada à bord du S.S. Letitia 

Plaque commémorative à Halifax

Mme JW perry et sa fille Sheila  à bord du S.S. Letitia
http://www.quai21.ca/blog/jan-raska/les-grandes-vagues-d-immigration-par-le-quai-21-les-epouses-de-guerre-et-leurs

Rencontres de quelques épouses de guerre à Halifax, Canada' en mai 2016 Photo: Anna-Lynn Sanche
http://www.army-armee.forces.gc.ca/fr/nouvelles-publications/nationaux-nouvelles-details.page?doc=faire-la-fete-comme-une-epouse-de-guerre-perpetuer-l-histoire-des-epouses-de-guerre-canadiennes/j1wgcr41

Le Canada a aussi ouvert ses portes à quelque 200 000 migrants que la guerre avait chassé de leur pays, dont 25 000 survivants de l’holocauste.

Anita DeMers

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