HISTORIQUE DES DISTRIBUTIONS ÉVANGÉLIQUES DU QUÉBEC
UNE PREMIÈRE MONDIALE À L’AUBE DE L’INFORMATIQUE / POST # 2
UNE PREMIÈRE MONDIALE À L’AUBE DE L’INFORMATIQUE / POST # 2
Germain Chouinard s’était mis à étudier la possibilité
de faire une concordance française complète des mots bibliques à l’aide d’un
ordinateur central. Encouragé par des amis et moi, il était allé rencontrer un
analyste du Service informatique de l’université où il travaillait afin de vérifier
la faisabilité technique de ce grand défi.
L’analyste était étonné, mais aussi enthousiasmé
par la nature du projet : manipuler des caractères et des textes était une
nouvelle approche en informatique qui commençait à peine à se développer. Ces
grosses machines servaient surtout à faire des calculs à très haute vitesse, à résoudre
rapidement des problèmes complexes et à donner des résultats constants et
précis. Selon lui, ce projet biblique était à la limite des connaissances et de
la technologie de l’époque, mais tout de même réalisable. Une première étape venait
d’être franchie, ce qui réjouissait le cœur de mon époux.
Peu de temps après, Germain a appris que Jack
Cochrane désirait lui aussi, depuis longtemps, produire une concordance complète
de la Bible en français, mais il n’avait pas les ressources humaines pour la
réaliser. Lui aussi avait constaté depuis son arrivée au Québec le manque
flagrant d’instruments d’étude de la Bible en français. Cet homme enseignait la
linguistique à l’Université de Sherbrooke. Aux étudiants qui le désiraient, il
acceptait volontiers de leur donner des cours d’hébreu et de grec bibliques. On
le voyait souvent lire le Nouveau Testament dans la langue originale, le grec.
Quand Germain lui a exposé son intention de
produire une concordance de la Bible, Jack Cochrane était plutôt sceptique. Ce
dernier lui a raconté l’histoire de Hugues de Saint-Cher, un dominicain de
Paris qui, en 1240, avait publié un index de la Bible latine sans les contextes.
Il s’était fait aider par 500 de ses confrères et le travail avait duré une
dizaine d’années.
Germain a expliqué à cet éminent professeur que
le gros du travail allait se faire à l’aide de l’ordinateur central de
l’Université de Sherbrooke. Des contacts avaient déjà été établis avec les
analystes du Service informatique et ils avaient manifesté beaucoup d’intérêt pour
ce projet audacieux. Jack Cochrane a compris que le grand rêve qu’il caressait
et mijotait depuis 20 ans avait des possibilités de se réaliser. À son tour, il
a partagé que, durant toutes ces années, il avait préparé des esquisses de ce
qu’il aimerait voir dans cet ouvrage. Ensemble, ces deux téméraires étaient allés
à nouveau rencontrer les analystes du Service informatique afin d’établir un
plan d’action technique et évaluer le budget approximatif pour réaliser ce
grand défi.
En attendant, Jack et Germain devaient choisir
le texte biblique français qui serait utilisé pour la concordance, obtenir les
autorisations des traducteurs, rechercher des gens prêts à financer le projet, planifier
le contenu de l’ouvrage et prévoir ce que l’ordinateur ne pourrait pas accomplir,
comme séparer les mots qui s’écrivent pareils, mais qui n’ont pas le même sens (avocat/avocat)
et regrouper les différentes formes d’un même mot (aller/irai/vont).
C’est dans ce contexte technologique que la
production de la première concordance complète en français au monde a débuté.
La réalisation du projet allait nécessiter beaucoup d’autres rencontres et
discussions. C’était un travail de pionniers que toute une équipe de
spécialistes allait devoir accomplir.
À suivre...
Anita DeMers
Tiré aussi de ma biographie « Mes pas sur la
plage »
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