TRADUIRE

jeudi 22 février 2018


CHAPITRE 17 : LA FIN D’UN LONG « MOYEN ÂGE »
POST #4 : DUPLESSIS, LES INDUSTRIES ET LES SYNDICATS.

De 1944 à 1959, Maurice Duplessis, comme premier ministre, cherchait à attirer au Québec de grandes compagnies américaines et canadiennes à qui il cédait nos ressources naturelles à bon marché. Ces industries étaient souvent renommées pour leurs pratiques patronales intransigeantes avec les travailleurs.

Aussi, pour soutenir ces entreprises dans leur répression et briser le mouvement syndical de plus en plus populaire à cause de l’industrialisation, Duplessis faisait adopter par son gouvernement des lois contre les syndicats. Il n’aimait pas ces syndicalistes qu’il associait sans discernement aux communistes comme il faisait avec les groupes religieux. Selon lui, les chefs syndicaux se mêlaient trop de la gestion des usines à la place des patrons et pas assez du travail à accomplir sans rechigner par les employés. Duplessis n’hésitait pas à se servir de sa «loi du cadenas» pour fermer les syndicats qu’il jugeait trop exigeants envers les employeurs.

Dans la région d’Asbestos, il y avait de plus en plus de tension entre les patrons de la Johns Mansville et les employés qui en avaient assez de respirer la poussière d’amiante à longueur d’années. La compagnie faisait la sourde oreille à leurs revendications pour des conditions de travail plus salubres, une minime augmentation salariale (0.15$/heure) et quelques autres clauses. Le 14 février 1949, après d’intenses négociations qui n’ont rien donné, ce fut un arrêt de travail complet pour 5 000 travailleurs dans les 4 mines d’amiante.

Duplessis a fait déclarer la grève illégale. Après 6 semaines, la compagnie a engagé des briseurs de grève (scabs). Le cycle de la violence s’est installé rapidement. Il a proclamé la loi de l’émeute et il a envoyé 200 policiers à Asbestos pour mater les travailleurs en grève et faire des arrestations. Pendant leur séjour dans la ville, les policiers intimidaient les grévistes et les citoyens qui les appuyaient. Ce fut la répression policière du « jeudi sanglant » qui a scandalisé tout le pays et le monde entier.

 «La grève de l’amiante éclatait il y a 60 ans», F. Gougeon, La Tribune, 13 février 2009

Certains prêtres catholiques appuyaient leurs paroissiens dans leurs revendications pour obtenir de meilleures conditions de travail. Même l’archevêque de Montréal, Mgr Charbonneau s’est prononcé en faveur de la grève. Certains n’ont pas apprécié le soutien et l’aide matérielle que ces membres du clergé avaient apportés aux grévistes. L’église catholique d’Asbestos a été saccagée. Et, sous la pression de Duplessis et des autres évêques québécois, le pape Pie XII a contraint Mgr Charbonneau à démissionner; il l’a remplacé par le cardinal Léger.

Les syndiqués qui avaient fait la grève n’ont pratiquement rien obtenu de leurs revendications. Plusieurs travailleurs n’ont pu recouvrer les emplois que les briseurs de grève avaient pris à leur place. D’autres luttes syndicales ont eu lieu contre le gouvernement de Maurice Duplessis sans que ce dernier ne change sa ligne de conduite.

On a surnommé cette période de notre histoire « La Grande Noirceur ». Moi, je trouve que c’était aussi la fin d’un « Long Moyen Âge » car le Québec était retourné quelques siècles en arrière.

Anita DeMers

Pour se procurer le livre :
-          En Amérique du Nord : http://www.deq.ca/fr/publications/imprimes_coffrets/index~p4.html
-          En Europe : dans les librairies de La Maison de la Bible et dans les librairies de la Croisade du Livre Chrétien.

Pour lire et relire mes posts précédents :
-          Facebook : https://www.facebook.com/leseditionsdeq.

Policiers devant la Johns Manville - Société d'histoire de Sherbrooke

Souvenirs de la grève d'Asbestos - Youtube

vendredi 16 février 2018


CHAPITRE 17 : LA FIN D’UN LONG « MOYEN ÂGE »
POST #3 : DUPLESSIS, LA LOI DU CADENAS, LA LIBERTÉ RELIGIEUSE ET SYNDICALE.

Maurice Duplessis n’était au pouvoir que depuis 1 an à peine, que les évêques catholiques réclamaient de son gouvernement une loi pour combattre le communisme au Québec. Duplessis acquiesça à leur demande et fit voter une loi qu’on a surnommée la « loi du cadenas ».

Tout organisme dont on n’aimait pas le discours ou les activités pouvait être dénoncé. Leur lieu de rencontre pouvait être fermé (cadenas), leur matériel confisqué et les individus, être arrêtés et envoyés en prison pour 1 an, sans procès et sans droit d’appel. À cette époque, Duplessis était à la fois premier ministre et procureur général de la province qui pouvait poursuivre au nom du gouvernement. La loi avait été votée pour lutter contre le communisme, mais on s’en servait aussi, indifféremment, contre des groupes religieux et syndicaux.

On raconte que des évêques et des étudiants auraient même aidé au travail des policiers à appliquer la loi fidèlement et rapidement. Selon la presse québécoise des origines à nos jours (Cité libre – Wikipédia), « en 1950, le cléricalisme et le duplessisme régnaient en maître absolu au Québec. La tradition et le principe d’autorité étaient indiscutables pour qui voulait éviter de passer pour communiste ».

Aussi, Duplessis faisait la vie dure aux groupes religieux qui voulaient s’implanter chez nous. Les croyants protestants francophones ne voulaient pas suivre la tradition catholique, mais observer la Bible comme étant la seule autorité spirituelle en matière de foi, de salut, de doctrine et de connaissance de Dieu. Pourtant, depuis 1759, le régime britannique protestant avait accordé à tout citoyen québécois le droit à la liberté de conscience et de croyance religieuse.



Cependant, l’Église catholique et Duplessis refusaient de reconnaître ce droit aux citoyens du Québec. L’Église n’acceptait pas que les pasteurs de ces communautés visitent leurs malades dans les hôpitaux et leurs détenus dans les prisons. Malgré leur désir de respecter les lois et règlements de la province, les protestants vivaient toujours dans un environnement hostile à leur pratique religieuse.

En 1945, le gouvernement fédéral avait autorisé tous les organismes religieux à produire des actes de naissance, de mariage et de décès. Le gouvernement du Québec avait laissé la gestion des registres de l’état civil dans les paroisses catholiques. Chez les dénominations protestantes (au nombre de 28), elles étaient tenues d’envoyer des copies de leurs dossiers d’actes d’état civil aux palais de justice.

Anita DeMers

Pour se procurer le livre :
-          En Amérique du Nord : http://www.deq.ca/fr/publications/imprimes_coffrets/index~p4.html
-          En Europe : dans les librairies de La Maison de la Bible et dans les librairies de la Croisade du Livre Chrétien.

Pour lire et relire mes posts précédents :
-          Facebook : https://www.facebook.com/leseditionsdeq.

vendredi 2 février 2018

CHAPITRE 17 : LA FIN D’UN LONG « MOYEN ÂGE »
POST #2 : LE STATUT DE LA FEMME AU QUÉBEC AU 20E SIÈCLE.

Selon les patriotes, c’était une erreur historique que les femmes aient eu, dans le passé, le droit de voter aux élections fédérales. Ils invoquaient les arguments que les hommes devaient s’occuper de la politique et les femmes de la maison. D’après eux, il n’était pas convenable d’avoir des désaccords idéologiques dans le foyer. De quelle erreur historique parlaient-ils?

En 1791, une loi d’Angleterre créait le Canada uni. La nouvelle constitution accordait à tous les hommes et toutes les femmes qui répondaient à certains critères et qui avaient une propriété au Canada, le droit de voter pour le représentant de leur choix au parlement canadien. Mais, en 1834, suite à un projet de loi déposé par le patriote John Neilson, appuyé par Louis-Joseph Papineau, chef des patriotes, les femmes ont perdu ce droit. Cette interdiction pour les femmes de voter a été inscrite formellement dans les textes officiels de l’Assemblée législative en 1849.

Il a fallu attendre 84 ans (1918) pour que les Québécoises puissent retrouver à nouveau ce droit de vote aux élections fédérales. Au provincial, elles ont dû attendre 106 ans (1940) pour pouvoir aller aux urnes. Les autorités catholiques, la confédération des travailleurs catholique (CSN) et Alexandre Taschereau s’étaient opposés à Adélard Godbout qui avait proposé cette nouvelle loi qui donnait aux femmes du Québec le droit de vote.

À cette époque, le choix de carrières pour une fille se limitait à 2 voies : institutrice ou infirmière. Pour les autres professions, les embûches étaient nombreuses et pratiquement insurmontables. Les études universitaires étaient réservées aux garçons. À la fin du 19e siècle, on a commencé à former des enseignantes laïques. Dès qu’elles avaient obtenu leur diplôme, elles pouvaient se trouver un emploi, à la condition d’être célibataires et d’avoir en main un certificat de bonne moralité signé par le curé de la paroisse.

La plupart des écoles publiques étaient situées à la campagne, parfois sans électricité, sans eau courante et sans sanitaire. Il n’y avait qu’une seule institutrice pour une classe d’élèves de plusieurs niveaux académiques. Pour un salaire de 1 000$ par année environ, elle devait enseigner, faire l’entretien du local et assurer le chauffage en hiver. Les conditions de travail étaient difficiles. Si elle se mariait, elle devait quitter son emploi. Dans les villes, 70% du personnel enseignant était des religieux et des religieuses.

En soins de santé, le personnel soignant était composé presque exclusivement de religieuses. Certains hôpitaux avaient ajouté des écoles affiliées et dispensaient des cours en soins infirmiers. Les étudiantes pouvaient mettre en pratique immédiatement la théorie qu’elles avaient apprise à l’école tout en prêtant main-forte au personnel soignant de l’hôpital.

Anita DeMers

Pour se procurer le livre :
-          En Amérique du Nord : http://www.deq.ca/fr/publications/imprimes_coffrets/index~p4.html
-          En Europe : dans les librairies de La Maison de la Bible et dans les librairies de la Croisade du Livre Chrétien.

Pour lire et relire mes posts précédents :
-          Facebook : https://www.facebook.com/leseditionsdeq.

Référence :
Comment le parti patriote a retiré le droit de vote aux femmes
Par Anthony Bergeron, 18/05/2015 07:14 EDT | Actualisé 18/05/2016 05:12 EDT
http://quebec.huffingtonpost.ca/…/journee-nationale-patriot…