CHAPITRE 17 :
LA FIN D’UN LONG « MOYEN ÂGE »
POST #4 : DUPLESSIS,
LES INDUSTRIES ET LES SYNDICATS.
De 1944 à 1959, Maurice Duplessis, comme
premier ministre, cherchait à attirer au Québec de grandes compagnies
américaines et canadiennes à qui il cédait nos ressources naturelles à bon
marché. Ces industries étaient souvent renommées pour leurs pratiques
patronales intransigeantes avec les travailleurs.
Aussi, pour soutenir ces entreprises dans leur
répression et briser le mouvement syndical de plus en plus populaire à cause de
l’industrialisation, Duplessis faisait adopter par son gouvernement des lois
contre les syndicats. Il n’aimait pas ces syndicalistes qu’il associait sans
discernement aux communistes comme il faisait avec les groupes religieux. Selon
lui, les chefs syndicaux se mêlaient trop de la gestion des usines à la place
des patrons et pas assez du travail à accomplir sans rechigner par les employés.
Duplessis n’hésitait pas à se servir de sa «loi du cadenas» pour fermer les
syndicats qu’il jugeait trop exigeants envers les employeurs.
Dans la région d’Asbestos, il y avait de plus
en plus de tension entre les patrons de la Johns Mansville et les employés qui
en avaient assez de respirer la poussière d’amiante à longueur d’années. La compagnie
faisait la sourde oreille à leurs revendications pour des conditions de travail
plus salubres, une minime augmentation salariale (0.15$/heure) et quelques
autres clauses. Le 14 février 1949, après d’intenses négociations qui n’ont
rien donné, ce fut un arrêt de travail complet pour 5 000 travailleurs
dans les 4 mines d’amiante.
Duplessis a fait déclarer la grève illégale. Après
6 semaines, la compagnie a engagé des briseurs de grève (scabs). Le cycle de la
violence s’est installé rapidement. Il a proclamé la loi de l’émeute et il a
envoyé 200 policiers à Asbestos pour mater les travailleurs en grève et faire
des arrestations. Pendant leur séjour dans la ville, les policiers intimidaient
les grévistes et les citoyens qui les appuyaient. Ce fut la répression
policière du « jeudi sanglant » qui a scandalisé tout le pays et le
monde entier.
«La grève de l’amiante éclatait il y a 60 ans», F. Gougeon, La Tribune, 13 février 2009
Certains prêtres catholiques appuyaient leurs
paroissiens dans leurs revendications pour obtenir de meilleures conditions de
travail. Même l’archevêque de Montréal, Mgr Charbonneau s’est prononcé en
faveur de la grève. Certains n’ont pas apprécié le soutien et l’aide matérielle
que ces membres du clergé avaient apportés aux grévistes. L’église catholique
d’Asbestos a été saccagée. Et, sous la pression de Duplessis et des autres
évêques québécois, le pape Pie XII a contraint Mgr Charbonneau à démissionner; il
l’a remplacé par le cardinal Léger.
Les syndiqués qui avaient fait la grève n’ont
pratiquement rien obtenu de leurs revendications. Plusieurs travailleurs n’ont pu
recouvrer les emplois que les briseurs de grève avaient pris à leur place.
D’autres luttes syndicales ont eu lieu contre le gouvernement de Maurice
Duplessis sans que ce dernier ne change sa ligne de conduite.
On a surnommé cette période de notre histoire « La
Grande Noirceur ». Moi, je trouve que c’était aussi la fin d’un
« Long Moyen Âge » car le Québec était retourné quelques siècles en
arrière.
Anita DeMers
Pour se procurer le
livre :
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En
Amérique du Nord : http://www.deq.ca/fr/publications/imprimes_coffrets/index~p4.html
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Europe : dans les librairies de La Maison de la Bible et dans les
librairies de la Croisade du Livre Chrétien.
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Policiers devant la Johns Manville - Société d'histoire de Sherbrooke