HISTORIQUE DES DISTRIBUTIONS ÉVANGÉLIQUES DU QUÉBEC
UNE PREMIÈRE MONDIALE À L’AUBE DE
L’INFORMATIQUE -- POST # 4
Après avoir trouvé le financement pour aller
de l’avant avec leur projet de concordance biblique élaborée par ordinateur, Germain
Chouinard et Jack Cochrane sont allés rencontrer le directeur du Service
informatique de l’Université de Sherbrooke pour faire une demande officielle de
travail devant mener à la première concordance biblique complète en français au
monde et pour ouvrir un compte administratif.
À cette époque, cet ordinateur où travaillaient
les deux auteurs était un des plus puissants au Canada. (1) Pourtant, comparé à
la technologie d’aujourd’hui, il n’avait pas la puissance d’un micro-ordinateur
qui trône sur nos bureaux. Même le « smartphone » que nous transportons
fièrement dans nos poches aurait, à lui seul, plus de puissance de traitement
que l’ordinateur de la NASA qui a envoyé, en 1969, les premiers hommes marcher
sur la lune. (2)
Pour accomplir notre projet de concordance
biblique, la première étape a été de nous procurer les équipements bureautiques
qui manquaient à notre arsenal informatique. Nous avions besoin d’un terminal
spécialement équipé d’un petit processeur interne et d’un lecteur de disques
magnétiques de 8 pouces (20 cm). Cela allait nous permettre d’enregistrer
les données localement et, au moment voulu, de les transférer en bloc à
l’ordinateur central pour traitement. Aussi, les claviers des terminaux étaient
livrés avec des touches pour la langue anglaise uniquement. Nous avions aussi besoin
de clés pour taper les caractères français accentués et diacritiques (ç). Nous
avons dû faire usiner un clavier unique équipé de touches spécialement
codifiées pour taper les mots français.
La deuxième étape a été d’embaucher deux personnes
pour entrer et corriger au terminal le texte de la Bible Louis Segond revue en
1975, dénommée « La Nouvelle Édition de Genève ». Quatre autres personnes ont
été engagées pour vérifier minutieusement le texte, épeler les mots plus
compliqués et marquer sur papier les corrections à entrer par les deux
personnes initiées au terminal. Après une double vérification du texte et quelques
mois de travail supplémentaires, nous avions en main le premier texte numérique
de la Bible en français. Il contenait 722 000 mots, dont 375 000 mots-accessoires
de la langue française (articles, prépositions ...) et 347 000 mots significatifs
qui seraient inclus dans notre première mondiale.
Pour produire la concordance finale, le texte
biblique a été divisé en 19 tranches pour être traité chacune séparément. Malgré
sa grande puissance pour l’époque, c’était le maximum de données que l’ordinateur
central de l’Université de Sherbrooke pouvait traiter dans un seul bloc, à la
condition que ce soit la seule tâche en cours d’exécution et que le travail se
fasse de nuit, au moment où la demande de service est la plus faible. Finalement,
un dernier tri alphabétique a réuni les 19 sections en une seule. L’étape
suivante a été de faire une dernière vérification des erreurs qui auraient pu
se glisser à l’entrée du texte et d’éliminer certains mots à exclure tels que « pas »
(négation) et « pas » (empreinte). Cette tâche minutieuse a été confiée à notre
spécialiste en linguistique et en théologie, Jack Cochrane.
Le travail de révision terminé, le fichier
numérique fut enregistré sur bande magnétique. Ce ruban a été expédié chez Logidec,
une firme de Montréal spécialisée en photocomposition de texte par ordinateur
avec laquelle nous avions travaillé pour établir la mise en page de notre
ouvrage. L’entrée du texte, les vérifications des erreurs et les corrections au
terminal ont nécessité 1 550 heures de travail à une équipe de 6 personnes,
excluant le temps de techniciens en informatique, des analystes professionnels
et des auteurs Jack Cochrane et Germain Chouinard.
Notre équipe tout comme celle du personnel
informatique de l’Université de Sherbrooke, avait de bonnes raisons d’être fière
et de célébrer la réalisation de ce grand défi, celui d’avoir produit à l’aide
de l’ordinateur une concordance biblique française complète, une première
mondiale. Nous pouvions tenir dans nos mains cet instrument d’étude de la Bible
avec lequel nous pouvions localiser par ordre alphabétique tous les mots
significatifs (et leur contexte) du texte de la Bible Louis Segond, appelée
aussi la Bible Scofield.
Nous venions de poser le premier jalon qui
allait nous permettre de produire par la suite d’autres ouvrages complémentaires
pour l’étude des Saintes Écritures en français.
À suivre...
Anita DeMers
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Bibliographie :
1.
- Université de Sherbrooke
- Nouvelles UdeS,
14
novembre 2011.
- Encore
tout récemment, en raison de sa puissance phénoménale équivalente à 20 000
ordinateurs personnels, on l’a surnommé le « Mammouth »; il est classé 41e
au monde sur 500.
2.
Embracing digital transformation in a rapidly changing
world
Andrew
Bolwell et Boris Balacheff – Innovation journal, Issue 8, Winter 2017